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Maman Rila

26 novembre 2010

Pour dire bonjour

Ce matin avant de partir à l'école:

"Maman, quand est-ce qu'on ira en Afrique ?"

"Tu veux aller en Afrique ? Pourquoi faire ?"

"Pour dire bonjour aux hommes..."

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17 novembre 2010

Sa maman préférée...

Non, ce n'est pas terminé...

Par deux fois Anastasie m'a parlé de maman Rila montant dans un bateau pour pêcher de petits poissons qu'elle mangeait crus... Anastasie a mimé le geste de maman Rila la tête renversée, mais semblait un peu dégoûtée de cette pratique.

Un jour elle a dessiné un genre de mille-patte... "C'est une chenille comme chez maman Rila"

"Il y avait des chenilles comme ça chez maman Rila ?" (Je pensais à des scolopendres)

"Oui" Puis elle esquisse un geste vers sa tête.

Encore une fois je comprends immédiatement et presque télépathiquement.

"Tu as eu un mille-patte sur la tête ?"

"Oui, c'était pour manger les poux" "Il y avait beaucoup de poux chez maman Rila" "Moi j'avais un pou et maman Rila elle avait plein de poux, et le bébé Framboise aussi" "Elle a mis une chenille sur sa tête, et la chenille a mangé tous les poux, après on n'avait plus de poux"

 

Avant hier: "Je me souviens de papa Orpheus"

"C'est le papa de maman Rila ?" "Non, c'est le papa de mon papa chez maman Rila"

 

Aujourd'hui:

"Maman jolie, tu es ma préférée maman..."

"Ah bon ? Tu as eu combien de mamans ?"

"Trois: maman Stala, maman Rila et toi"

"Maman Stala elle avait plein de chats et de chiots, et elle me donnait des gifles sur ma figure je ne l'aimais pas" "Alors j'ai décidé que ça serait maman Rila ma maman et après, toi"

"Maman Stala, elle était noire ?" "Non blanche, mais elle vivait en Afrique quand même dans une maison en paille"

"Je disais -Tu es jolie maman Stala et elle disait- non c'est pas vrai ! et elle me donnait des gifles sur la figure comme ça..." Paf paf paf ! (Sur son nez)

"Maman Rila elle disait des gros mots et elle me donnait une gifle sur la figure, juste une..." Paf !

"Toi tu es jolie et tu ne me donnes pas de gifle sur la figure" "J'en ai marre de parler..."

Puis elle s'en va.

 

19 septembre 2010

Aucune histoire n'a de fin...

Combien difficile à partager fut cet éclat de réalité, trop brillant ou trop vif...

Mais s'il fallait mourir demain, j'emporterais comme un trésor ces mots de ma petite fille...

D'ailleurs elle m'a encore parlé récemment, et cette fois d'une troisième maman, une maman "avant maman Rila."

"Une maman pas jolie qui avait plein de chats, c'est pour ça qu'elle était pas jolie, après j'étais la fille de maman Rila et après c'était toi ma maman..."

15 août 2010

Aujourd'hui...

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13 juillet 2010

Maman, tu sais...

Ma maman à moi, dite "Mamima" a cherché ce que pouvait signifier "anaga" que j'avais d'abord transcrit "ananga", mais c'est difficile.

Elle nous a envoyé un disque de musique Rwandaise dans lequel l'instrument joué se nomme "inanga".

En lui faisant écouter j'ai demandé à Anastasie si c'était la musique de maman Rila: "Oui"

Et c'est tout.

...

"Maman, tu sais, en haut de la cabane de maman Rila il y a un coeur, un coeur qui brille"

"Mon grand père, le papa de maman Rila, il est vieux, il va mourir, et après il sera au ciel"

"Maman comment ils s'appellent déjà les tuyaux où il y a le sang ?"

"Cosme ne tue pas la fourmi sinon il va y avoir le sang..."

"Ma grande soeur a eu un bébé, c'est le bébé Framboise"

...

"Maman, tu sais, Dieu, je l'aime..."

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28 juin 2010

Le vieux rêve

Dans ma grande adolescence, j'avais fait ce rêve effroyable:

Possédée par une force colérique immense je tuais à l'arme blanche une personne de couleur. La scène d'une sauvagerie insoutenable se passait au foyer orthodoxe, c'est à dire dans la maison d'un prêtre chrétien.

Je me suis réveillée horrifiée par le simple fait de contenir ce geste dont la violence me fait encore frémir aujourd'hui.

Ce souvenir singulier m'est revenu en lisant le document intitulé "Relativité- Du spirituel dans l'évolution" où l'auteur évoque l'existence de rêves annonciateurs dans certains cas similaires au nôtre.

15 juin 2010

Elle dit

Je dis: "C'est une drôle d'histoire, tu ne trouves pas ?"

Elle dit: "Non c'est pas drôle..."

"Tu as raison c'est triste"

Elle dit: "Non c'est pas triste..."

15 juin 2010

Une âme danse...

 

Si je n'écrivais plus depuis quelques temps, c'est qu'il n'y avait plus rien à écrire... Ou alors très peu. Un chat noir est apparu dans sa mythologie, "il s'appelle Martyse et un autre marron aussi qui peut faire des bébés, mais pas Martyse parce qu'elle est opérée..."

Un autre jour en revenant de la piscine:

"C'est maman Rila qui m'a appris à marcher comme ça (Anastasie esquisse un genre de pas de l'oie), elle disait que je faisais l'andouille..."

Des questions aussi reviennent souvent sur le "squelette" et ce qu'il y a à l'intérieur du corps, "la peau qu'on arrache" (en se pinçant la peau du cou...)

Les jours passent sans éclat, jusqu'au feu d'artifice de ce soir...

Ce matin nous avions toutes les deux rendez-vous chez l'ophtalmologiste, moi pour des problèmes anciens et récurrents dont je vous ferai grâce à moins d'y dédier un blog entier; elle parce que le médecin scolaire avait repéré une petite baisse d'acuité d'un côté. Dieu merci, il ne faudra pourtant pas encore poser de verre devant ses yeux d'azur et d'étoiles...

De son point de vue, elle aurait beaucoup aimé avoir des lunettes comme son frère Cosme, alors pour la consoler je lui ai acheté un ruban de gymnastique. Rien à voir effectivement.

Dans l'après midi, elle prenait le ruban et parlait de maman Rila à tout bout de champ.

Ce soir nous avons cherché des vidéos de gymnastes dansant avec un ruban, certaines l'ont émerveillée.

Elle a voulu que je lui apprenne à les imiter. Nous avons fait tourner le ruban autour de nous, tout droit, en faisant des ronds des vagues, des serpentins...

Et tout d'un coup elle s'est mise à danser... avec grâce, aisance, longuement dans la lumière du soir... Je voyais vraiment son âme à travers cette danse.

Elle répétait bizarrement "C'est maman Rila qui m'a appris à faire comme ça..."

En dansant sa langue s'est déliée:

"Avec maman Rila je dansais anaga pour les ancêtres ..."

En disant ça elle dansait vraiment, avec cette énergie, cette joie, cette spontanéité et je voyais la scène. Les robes colorées sur les peaux noires, les sourires.

A un moment, partageant sa joie j'ai dit "Merci maman Rila de m'avoir donné ta fille"

Alors elle s'est jetée dans mes bras en disant "C'est gentil de dire merci..."

"Anaga c'est une fête que pour les filles, pas pour les mamans"

"Anaga, c'est chez un monsieur, il nous donnait quelque chose pour danser"

"Anaga-vifé, il est gentil..." "Finla-anaga c'est pas le même, il veut tuer tout le monde mais il ne sait pas où est la cabane de maman Rila"

"Tu ne peux pas m'accompagner chez maman Rila"

"Elle me manque, maman Rila, elle est triste de moi"

"Maman Rila est morte et maintenant elle est au ciel"

"Elle me manque beaucoup"

"Maman Rila s'est transformé en monstre pour me tuer"

"C'est le papa qui a tué maman Rila"

Par moment elle prononçait des mots étranges et difficilement tran scriptibles.

"Maman Rila n'aimait pas être noire, elle voulait se laver mais ça marchait pas, alors elle a pris un pinceau et ça marchait" "Elle voulait être blanche"

"Elle disait -Je veux rester seule...!"

"Après quand j'étais morte des hommes m'ont prise et m'ont emportée ici et j'étais ton bébé"

Puis comme épuisée après ces émotions:

"Je ne t'aime pas, tu n'es pas ma maman"

Elle a eu plusieurs phrases de ce genre. Mais je comprenais le conflit en elle.

Il est difficile de transcrire de mémoire tout ce qu'elle m'a raconté ce soir. Elle me nommait des figures de danse dans une langue inconnue.

Nous avons enroulé le ruban sur lui même pour le ranger sans faire de noeuds.

Cosme disait "C'est incroyable...!"

 

30 mai 2010

Chicken run

C'est un dessin animé... Les poules d'un élevage ressemblant à un camp de concentration s'organisent pour s'échapper. Au début l'une d'entre elles qui ne pond plus est tuée par la fermière dans une scène où il est seulement suggéré qu'on lui coupe la tête.

Anastatsie (grave) "On lui coup la gorge..."

Cosme (léger) "Non, on lui coupe la tête !"

Anastasie (grave) "Non, là c'est la gorge..."

16 mai 2010

Les militaires...

Vendredi Anastasie a reçu le rappel d'un vaccin, hier elle se plaignait un peu de la fesse qui avait été piquée et ce matin une grosse rougeur m'a fait appeler un médecin...

C'était le jour où elle devait se rendre chez son père en bus avec ses deux frères. Les garçons ont pu y aller mais pas elle que j'ai dû garder pour soigner.

Ce soir à six heures nous avons repris la voiture pour attendre les frères à l'arrêt de bus.

Le bus a eu un peu de retard et nous avons passé dix minutes en voiture à regarder la circulation défiler en papotant.

Trois ou quatre Jeeps de militaires sont passées devant nous...

"Oh des gendarmes...!"

"Non, ce ne sont pas des gendarmes, ce sont des militaires... Est-ce que tu en as déjà vu ?"

"Oui ils ont détruit la maison de maman Rila et maintenant maman Rila est au ciel..."

Le bus est arrivé, nous sommes sorties de voiture pour accueillir les garçons, elle a pu faire un rapide bisou à son père qu'elle ne voit que tous les deux week-end, mais qu'elle avait quand même vu la veille pendant plusieurs heures...

Dès le retour en voiture elle a manifesté des signes d'agitation intense, caprice, crise de nerfs...

Elle a hurlé tout le trajet de retour (presque un quart d'heure), elle disait "je veux rester seule, je veux rester seule..." J'ai dû la porter pour monter les deux étages pendant qu'elle hurlait, se débattait et me griffait, je l'ai laissée par terre dans le couloir et je suis allée à la salle de bain reprendre mes esprits et lui faire couler un bain.

Tout d'un coup j'ai pensé "C'est bien sûr !" et suis retournée lui parler dans le couloir...

"Anastasie écoute-moi, écoute, écoute, j'ai quelque chose d'important à te dire..."

Elle a fini par me regarder un peu à travers son rideau de larmes.

"Nous sommes en sécurité, les militaires ne vont pas venir nous tuer, ce ne sont pas les mêmes, ici les militaires ne viennent pas tuer les gens dans les maisons..." Et j'ai insisté.

Oui j'ai parlé comme ça à ma fille, carrément, celle que j'ai portée et enfantée, qui est née dans une petite ville tranquille du sud de la France, qui n'avait jamais vu un treillis de sa vie, et dont la couleur préférée est le rose, sans conteste...

Elle s'est calmée.

A pris son bain.

Je viens de la coucher. Sa fesse va mieux.

Le médecin de garde qui s'est déplacé ce matin est bouddhiste, je lui ai donné l'adresse de ce blog.

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